La BCEAO maintient ses taux directeurs face à une croissance solide et une inflation négative


Rédigé le 4 Décembre 2025 à 13:12 | 0 commentaire(s) modifié le 5 Décembre 2025 17:22

Ndakhté M. GAYE est un journaliste d'investigation engagé dans le suivi citoyen des obligations… En savoir plus sur cet auteur

EMA - Cette stabilité monétaire s'inscrit dans un contexte économique marqué par une croissance robuste et un recul de l'inflation au sein de l'Union.


Réuni le 3 décembre 2025, à Dakar, le Comité de politique monétaire (CPM) de la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) a pris la décision de maintenir inchangés ses principaux taux d'intérêt, ainsi que le coefficient des réserves obligatoires. Cette stabilité monétaire s'inscrit dans un contexte économique marqué par une croissance robuste et un recul de l'inflation au sein de l'Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA).

 Stabilité des instruments de politique monétaire
Le CPM, présidé par Jean-Claude Kassi BROU, a décidé de reconduire les taux directeurs en vigueur depuis le 16 juin 2025 :
Taux directeur principal : maintenu à 3,25 %. Taux d’intérêt sur le guichet de prêt marginal : maintenu à 5,25 %. Coefficient des réserves obligatoires : maintenu à 3,0 %. Ces décisions, affirme la BCEAO, découlent d'une évaluation approfondie de l'évolution récente de l'activité économique, de la dynamique des prix et de la situation extérieure de l'Union.

Une croissance économique confirmée

L'Union a affiché une performance économique solide au troisième trimestre 2025, avec une progression du produit intérieur brut (PIB) en termes réels de 6,6 %, légèrement supérieure aux 6,5 % enregistrés au trimestre précédent.

Ce dynamisme est largement attribué à la hausse de la consommation des ménages et à la poursuite des investissements, en particulier dans les infrastructures socio-économiques. Le secteur agricole, notamment grâce à la bonne tenue de la campagne, ainsi que les industries extractive et manufacturière, ont également contribué positivement.

Le financement de l’économie demeure adéquat, les prêts bancaires au secteur privé ayant augmenté de 6,0 % sur un an à fin septembre 2025. Pour l’ensemble de l’année 2025, la croissance économique de l'Union est anticipée à 6,7 %, marquant une accélération par rapport aux 6,2 % de 2024.

Déflation et risques potentiels

L’évolution des prix a constitué l'élément le plus notable de la période récente. Le taux d’inflation est passé en territoire négatif, ressortant à -1,3 % au troisième trimestre 2025, après 0,3 % le trimestre d’avant.

Cette baisse s'explique par la diminution des prix des produits alimentaires et énergétiques importés, ainsi que par l’augmentation de l’offre locale de céréales. En moyenne pour 2025, l'inflation est projetée à un niveau très bas de 0,2 %, contrastant fortement avec les 3,5 % de 2024.

Cependant, le CPM se montre prudent quant aux perspectives d’inflation, notant que des risques haussiers subsistent. Ces risques incluent l’impact potentiel des tensions géopolitiques et commerciales sur les prix mondiaux de l'énergie et des produits alimentaires, ainsi que les incertitudes liées à la situation sécuritaire dans la sous-région.

Amélioration des échanges extérieurs

La situation extérieure de l’Union s'est améliorée, portée par la hausse des exportations de produits pétroliers, l'augmentation des prix de l'or et du cacao, et la réduction des coûts des importations alimentaires et énergétiques. Le renforcement de la mobilisation des ressources extérieures par les États membres a également soutenu cette tendance positive.

En conclusion, le Comité de politique monétaire a réaffirmé sa vigilance, indiquant qu'il continuera de surveiller de près les risques susceptibles d’affecter la stabilité des prix et les échanges extérieurs. La BCEAO se tient prête à prendre "les mesures idoines, si nécessaire," pour garantir la stabilité monétaire et financière de l’Union.

 



Dans la même rubrique :