Master Plan 2025–2034 : faire des industries extractives le catalyseur du Sénégal industriel


Rédigé le 17 Novembre 2025 à 12:01 | 0 commentaire(s) modifié le 17 Novembre 2025 17:58

Ndakhté M. GAYE est un journaliste d'investigation engagé dans le suivi citoyen des obligations… En savoir plus sur cet auteur

EMA - Ce document de référence, dense de 130 pages, trace les contours d’une ambition collective : bâtir un pays souverain, socialement juste et prospère.


Le Sénégal vient de franchir une étape décisive avec la publication du Master Plan 2025–2034, première déclinaison stratégique de la Vision Sénégal 2050. Ce document de référence, dense de 130 pages, trace les contours d’une ambition collective : bâtir un pays souverain, socialement juste et prospère. Au cœur de cette transformation, une conviction forte : les industries extractives doivent devenir le catalyseur du Sénégal industriel.

Un paradoxe à dépasser

Riches en ressources minérales et énergétiques, les industries extractives représentent près d’un tiers des exportations du pays. Pourtant, leur poids dans le PIB reste limité à 4,5 %, avec un taux de transformation faible et une contribution marginale à l’emploi. Le secteur hydrocarbures illustre ce paradoxe : malgré des réserves prouvées de 930 millions de barils de pétrole et 1300 milliards de m³ de gaz, le Sénégal continue d’importer l’essentiel de ses besoins, grevant sa balance commerciale et sa compétitivité industrielle.

Ce diagnostic rappelle que l’abondance de ressources ne suffit pas : sans transformation locale, elles demeurent un moteur en friche.

La Vision 2050 : rupture et ambition

Le Master Plan propose une rupture stratégique.
Hydrocarbures : sécuriser l’approvisionnement intérieur, développer une industrie pétrochimique et de raffinage compétitive, et positionner le Sénégal comme hub régional du bassin MSGBC. Phosphates et engrais : transformer Matam en pôle industriel, produire localement les engrais et renforcer la souveraineté alimentaire régionale. Matériaux de construction : bâtir une filière locale compétitive (argile, basalte, calcaire) pour accompagner une urbanisation durable. Métallurgie : valoriser le gisement de fer de la Falémé et faire du Sénégal un hub métallurgique régional, grâce à l’apport du gaz et des minerais sous-régionaux.
Des leviers structurants

La stratégie repose sur des investissements et des infrastructures clés :
Création de la ville énergétique/pétrochimique de Ndayane. Déploiement du Réseau Gazier du Sénégal (RGS) pour optimiser la distribution nationale. Renforcement du Service géologique national pour une exploitation durable. Développement de filières dédiées aux métaux précieux. Infrastructures structurantes : chemin de fer, pôles industriels, logistique moderne.
Une transformation nationale

Au-delà des chiffres, le Master Plan incarne une ambition : transformer les ressources naturelles en leviers de développement industriel, énergétique et social. Il s’agit de passer d’une économie extractive tournée vers l’export brut à une économie de valeur ajoutée locale, capable de créer des emplois qualifiés, de renforcer la souveraineté énergétique et alimentaire, et de positionner le Sénégal comme acteur industriel majeur en Afrique de l’Ouest.
 

🖋️ Note éditoriale EMA

Cet article s’inscrit dans la continuité de notre analyse sur « Le paradoxe des sables de la Grande Côte : Energie & Mines Afrique  ». Là où nous pointions les limites d’une exploitation sans transformation, le Master Plan 2025–2034 ouvre une perspective : faire des industries extractives non plus un symbole de dépendance, mais le socle d’un Sénégal industriel et souverain.


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