Sénégal 2025 : quand la transparence des bénéficiaires effectifs rejoint la dynamique mondiale


Rédigé le 5 Novembre 2025 à 17:08 | 0 commentaire(s) modifié le 5 Novembre 2025 18:17

Ndakhté M. GAYE est un journaliste d'investigation engagé dans le suivi citoyen des obligations… En savoir plus sur cet auteur

EMA - Après le Ghana, l’Arménie et les Philippines, le pays devient un nouvel acteur clé de la transparence extractive, marquant un jalon historique pour la gouvernance en Afrique de l’Ouest.


En adoptant, le 16 juillet 2025, un décret rendant publiques les données sur les bénéficiaires effectifs, le Sénégal s’inscrit dans une trajectoire internationale de réformes ambitieuses. Après le Ghana, l’Arménie et les Philippines, le pays devient un nouvel acteur clé de la transparence extractive, marquant un jalon historique pour la gouvernance en Afrique de l’Ouest.

Une dynamique mondiale déjà en marche

Depuis 2019, le programme Opening Extractives a accompagné 12 pays dans la mise en place de registres publics et de lois sur la propriété effective.
Ghana : multiplication par six des déclarations entre 2021 et 2025, permettant à la société civile de révéler des bénéficiaires aux antécédents judiciaires. Arménie : un registre couvrant plus de 120 000 entités, utilisé pour refuser des licences incohérentes. Philippines : intégration de la transparence dans la loi budgétaire, contribuant à la sortie du pays de la liste grise du GAFI.
Ces réformes ont démontré que la transparence n’est pas un simple principe, mais un outil concret de lutte contre la corruption et de renforcement de la confiance publique.

Le Sénégal entre dans l’histoire en 2025

Avec son décret de juillet 2025, le Sénégal franchit une étape décisive :
Les données sur les bénéficiaires effectifs deviennent publiques et accessibles. Elles permettent de détecter anomalies, risques et conflits d’intérêts dans l’attribution des licences. Le pays se positionne comme pionnier régional, rejoignant une coalition de réformateurs qui font de la transparence un levier de gouvernance.
Un jalon pour l’Afrique de l’Ouest

Alors que plusieurs pays de la région peinent encore à instaurer des registres fiables, le Sénégal envoie un signal fort : la transparence est désormais une exigence, pas une option. Cette réforme :
Renforce la crédibilité du pays auprès des investisseurs et institutions internationales (BAD, FMI). Donne aux citoyens et à la société civile un outil de contrôle inédit. Crée un précédent qui pourrait inspirer d’autres États de la CEDEAO.
De la réforme à la durabilité 

Le défi reste désormais de transformer cette avancée en réforme durable :
Assurer la mise à jour régulière des registres. Former les acteurs publics et privés à l’utilisation des données. Intégrer la transparence des bénéficiaires effectifs dans les politiques de gouvernance extractive à long terme.
En rejoignant la dynamique mondiale initiée par le Ghana, l’Arménie et les Philippines, le Sénégal ne fait pas que rattraper un mouvement : il inscrit son nom dans l’histoire des réformes de gouvernance extractive. Le décret de 2025 marque un jalon historique, ouvrant la voie à une nouvelle ère de transparence et de responsabilité en Afrique de l’Ouest.


Dans la même rubrique :