Sénégal : l’ENR 2025 révèle des progrès mais alerte sur les nouveaux risques financiers


Rédigé le 23 Décembre 2025 à 08:58 | 0 commentaire(s) modifié le 29 Décembre 2025 10:18

Ndakhté M. GAYE est un journaliste d'investigation engagé dans le suivi citoyen des obligations… En savoir plus sur cet auteur

EMA - Si les avancées en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme, etc, sont notables, de nouveaux défis émergent, notamment liés aux actifs virtuels et à la finance digitale.


À l’occasion des 20 ans de la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF), le Sénégal a présenté sa nouvelle Évaluation nationale des risques (ENR) en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et de la prolifération. Si les avancées sont notables, de nouveaux défis émergent, notamment liés aux actifs virtuels et à la finance digitale.
 
Un outil stratégique pour la résilience financière

L’ENR est un instrument essentiel pour mesurer les menaces et vulnérabilités du système financier national. Elle s’appuie sur les 40 recommandations du GAFI et les 11 Résultats Immédiats (RI) afin d’évaluer l’efficacité des dispositifs de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme.

Depuis 2017, le Sénégal a affiné sa méthodologie :
2017 : approche Banque mondiale, 9 mois de travail. 2022 : méthode nationale mixte, intégrant experts et secteurs, 8 mois. 2025 : approche améliorée GAFI, 6 mois, avec intégration des risques liés à la corruption dans les industries extractives et au sport professionnel.
 
Menaces et vulnérabilités : une photographie contrastée
Blanchiment de capitaux (BC) : risque moyen, stable depuis 2017. Financement du terrorisme (FT) : risque passé de moyen à faible, signe d’une vigilance accrue. Financement de la prolifération (FP) : risque faible, introduit en 2022.
 
Les secteurs les plus exposés restent les banques, microfinance, assurance, immobilier, casinos et jeux de hasard. Les professions juridiques indépendantes et les organisations à but non lucratif présentent des vulnérabilités modérées.
 
Nouveaux risques :
Actifs virtuels et crowdfunding : initialement élevés, désormais classés moyens. Finance digitale : introduite en 2025, avec un risque moyen.
 
Un plan de remédiation ambitieux

Le Sénégal prévoit un budget de 1,25 milliard FCFA sur trois ans (2025–2028) pour renforcer son dispositif. Les axes prioritaires :
Mise à jour du cadre légal et réglementaire. Renforcement de la supervision et du contrôle. Amélioration des enquêtes, poursuites et confiscations. Formation et sensibilisation des acteurs.
 
Analyse sectorielle : extractives et finance digitale sous surveillance
 
Deux points méritent une attention particulière :
Industries extractives : leur intégration dans l’ENR 2025 traduit une reconnaissance des risques de corruption et de blanchiment liés aux flux financiers complexes. Finance digitale et actifs virtuels : leur montée en puissance impose une régulation proactive pour éviter que ces innovations ne deviennent des vecteurs privilégiés de blanchiment ou de financement illicite.
 
L’ENR 2025 marque une étape importante dans la maturation du dispositif sénégalais. Les progrès réalisés dans la réduction du risque de financement du terrorisme sont encourageants. Mais la vigilance doit désormais se concentrer sur les nouveaux espaces financiers où l’innovation technologique peut fragiliser la transparence.


Dans la même rubrique :