Sénégal : le pétrole entre en scène, l’or garde la vedette


Rédigé le 23 Décembre 2025 à 16:34 | 0 commentaire(s) modifié le 29 Décembre 2025 10:18

Ndakhté M. GAYE est un journaliste d'investigation engagé dans le suivi citoyen des obligations… En savoir plus sur cet auteur

EMA - : Pour la première fois, les revenus pétroliers issus du champ offshore Sangomar apparaissent dans les comptes officiels.


Le Sénégal vient de tourner une page de son histoire économique. Le Rapport ITIE 2024, dévoilé ce matin, révèle que le pays a franchi un cap : pour la première fois, les revenus pétroliers issus du champ offshore Sangomar apparaissent dans les comptes officiels. Résultat : 455,99 milliards FCFA engrangés par le secteur extractif en 2024, soit une hausse spectaculaire de 23 % par rapport à l’année précédente.
 
Sangomar, symbole d’une nouvelle ère

En juin 2024, les premières gouttes de pétrole sénégalais ont jailli des profondeurs de l’Atlantique. Sangomar n’est pas seulement un champ offshore : c’est le symbole d’une bascule nationale. Avec 77,7 milliards FCFA de revenus, les hydrocarbures s’invitent désormais dans le paysage extractif, aux côtés des mines qui restent dominantes.
 
L’or, valeur refuge et pilier national

Malgré l’entrée du pétrole, l’or conserve sa couronne. Avec plus de 500 milliards FCFA d’exportations, il représente 44 % des ventes extractives. Dans un contexte mondial marqué par l’incertitude géopolitique, le métal jaune confirme son statut de valeur refuge et moteur de l’économie sénégalaise.
 
Des retombées sociales encore modestes

Le rapport met en lumière 6,66 milliards FCFA de dépenses sociales et 1,43 milliard FCFA de dépenses environnementales. Des chiffres qui traduisent une volonté de redistribution, mais qui restent faibles face aux attentes des populations. L’emploi direct, lui, demeure limité : 11 394 personnes, soit 0,74 % de l’emploi national.
 
Le défi de la transformation

Le Sénégal est désormais un pays extractif mixte : mines, pétrole et bientôt gaz. Mais la vraie bataille commence. Comment transformer ces revenus en développement inclusif et durable ? Comment éviter la malédiction des ressources et faire de la transparence un levier de confiance ?

Le Rapport ITIE 2024 ne se contente pas de publier des chiffres : il lance un appel à la gouvernance, à la redistribution équitable et à l’investissement dans l’avenir.

Le pétrole est entré en scène, mais l’or garde la vedette. Le Sénégal se tient à la croisée des chemins : entre promesse d’abondance et exigence de transparence. L’histoire qui s’écrit aujourd’hui décidera si Sangomar et les mines seront des moteurs de prospérité partagée… ou des mirages économiques.


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