Connectez-vous S'inscrire
Energie & Mines Afrique - EMA -
ecofinance.sn
Facebook
Twitter
ENERGIE & MINES AFRIQUE - EMA
Votre boussole stratégique pour l'énergie et les mines en Afrique



Mauritanie : l'émergence d'un acteur clé gazier et renouvelable


Rédigé le 4 Août 2025 à 19:20 | 0 commentaire(s) modifié le 4 Août 2025 - 20:13


(EMA - Sénégal) - Dans le panorama des actualités énergétiques détaillées (2024-2025) en Afrique de l'Ouest, nous mettons un focus sur la Mauritanie, un acteur clé gazier et renouvelable en émergence.


La Société mauritanienne des hydrocarbures (SMH) met activement en avant le potentiel gazier significatif de la Mauritanie, comme cela a été démontré lors du Sommet Africa Energies 2025 à Londres. La SMH est un participant clé aux réunions du comité de pilotage du gazoduc atlantique Nigéria-Maroc, ce qui témoigne des efforts d'intégration régionale. Le projet Greater Tortue Ahmeyim (GTA), une coentreprise avec le Sénégal, a atteint 95 % d'achèvement en juillet 2024, suite à la réception de son unité flottante de production, de stockage et de déchargement (FPSO) en juin 2024.

Ce projet est conçu pour produire 2,3 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL) par an à partir de début 2025, en exploitant des réserves de gaz estimées à 15 billions de pieds cubes. Une centrale électrique à cycle combiné de 225 MW, destinée à utiliser le gaz offshore du GTA, est prévue comme projet de producteur indépendant d'électricité (IPP). Des discussions sont en cours pour le développement du champ gazier onshore de Banda, élargissant ainsi le portefeuille gazier de la Mauritanie.

Les énormes réserves du champ de Birallah, estimées à 80 billions de pieds cubes (TCF), positionnent fortement la Mauritanie comme un futur pôle énergétique régional à moyen terme. Le développement agressif par la Mauritanie de ses réserves de gaz offshore (GTA, Banda, Birallah) marque un pivot stratégique vers une position d'exportateur majeur de gaz à l'échelle régionale et mondiale.

Cette démarche, associée aux centrales électriques à gaz prévues pour la consommation domestique, suggère une double stratégie : exploiter le gaz pour renforcer la sécurité énergétique nationale et en faire un moteur économique clé grâce aux exportations, ce qui pourrait avoir un impact significatif sur la dynamique énergétique et les balances commerciales régionales.

La Mauritanie connaît une transformation majeure, mettant fin au monopole public sur la production d'électricité et passant à un modèle majoritairement dominé par les IPP. Le premier grand projet IPP en préparation est une centrale à gaz de 225 MW utilisant le gaz du GTA. Ce virage stratégique est soutenu par un nouveau Code de l'électricité (adopté en 2022) et des lois révisées sur les Partenariats Public-Privé (PPP) (2021, 2024), avec des décrets d'application cruciaux publiés en 2024 pour faciliter les projets IPP.

Un guichet unique est prévu pour simplifier et accélérer les autorisations pour les investisseurs privés, et un Code de réseau complet est attendu d'ici 2025. La vision de la nation est encapsulée dans son pacte national de l'énergie, qui fixe des objectifs ambitieux pour 2030 : atteindre l'accès universel à l'électricité (100 % contre 55 % actuellement), porter la part des énergies renouvelables dans le mix électrique à 70 % (contre 44 % en 2023) et réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre (GES).

Pour atteindre ces objectifs ambitieux, des investissements massifs estimés à 3,067 milliards USD sont nécessaires, dont 2,446 milliards USD restent à mobiliser, y compris une contribution substantielle de 1,23 milliard USD du secteur privé. La libéralisation rapide du secteur électrique mauritanien et ses objectifs très ambitieux pour 2030 (70 % d'énergies renouvelables, accès universel) démontrent un engagement gouvernemental fort envers la transition énergétique et une participation robuste du secteur privé.

Cependant, le déficit de financement important de 2,446 milliards USD met en évidence un défi critique. La mise en œuvre réussie de ces objectifs dépendra fortement de la capacité du pays à attirer et à sécuriser efficacement des investissements privés et internationaux substantiels, ce qui nécessite un cadre réglementaire et incitatif constamment solide.

La Mauritanie a franchi une étape pionnière en adoptant une loi dédiée à l'hydrogène vert en septembre 2024. Ce cadre législatif vise à organiser et à faciliter les projets industriels, qui ont déjà recueilli des milliards de promesses d'investissement de la part de grands groupes énergétiques tels que TotalEnergies, BP et CWP. BP lance notamment un projet d'hydrogène vert de 30 GW dans le pays. La Mauritanie s'est fixé des objectifs ambitieux à long terme, visant à capter 1 % du marché mondial de l'hydrogène et 1,5 % du marché de l'acier vert d'ici 2050.

L'Allemagne a exprimé un intérêt significatif pour l'hydrogène vert mauritanien dans le cadre de sa stratégie de diversification des sources d'énergie. La position proactive de la Mauritanie dans l'établissement d'un cadre juridique complet pour l'hydrogène vert et sa capacité à attirer des acteurs internationaux majeurs comme BP et TotalEnergies la positionnent comme un leader potentiel dans ce secteur naissant mais en croissance rapide. Cela démontre une vision stratégique claire pour diversifier son économie énergétique au-delà des hydrocarbures traditionnels et capitaliser sur ses vastes ressources renouvelables pour les futurs marchés d'exportation, contribuant ainsi de manière significative aux efforts mondiaux de décarbonation.

La Banque mondiale soutient activement la Mauritanie dans l'amélioration de sa sécurité énergétique et le renforcement de l'efficacité de ses dépenses publiques en intégrant des critères climato intelligents dans les projets d'investissement public. L'engagement de la Mauritanie envers le "Mission 300 Energy Compact" est également noté, s'alignant sur des objectifs d'électrification régionaux plus larges.

Le projet d'interconnexion électrique Mauritanie Mali de 225 kV, une priorité de l'initiative "Desert to Power", devrait permettre au Mali d'importer environ 600 GWh d'électricité renouvelable par an de la Mauritanie, favorisant ainsi le commerce régional d'énergie. Le soutien direct de la Banque mondiale et le projet stratégique d'interconnexion Mauritanie Mali soulignent l'importance cruciale des partenariats externes et du commerce régional d'énergie pour la sécurité énergétique et la transition de la Mauritanie.

Cela suggère que, bien que des politiques nationales solides soient essentielles, la collaboration internationale et le développement d'infrastructures transfrontalières sont des catalyseurs vitaux pour atteindre des objectifs énergétiques ambitieux et favoriser un marché de l'électricité ouest africain plus intégré.

EMA



Actualité | EcoFinance | Finance | Technologie | Contenu local | Environnement | Contribution | Donneurs | Conseil des Ministres | Nominations | Mines-Hydrocarbures | Energies