Synthèse des dynamiques communes et des spécificités nationales
Dynamiques Communes :
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Forte orientation vers les énergies renouvelables : Tous les pays démontrent un engagement robuste à augmenter significativement la part de l'énergie solaire dans leur mix énergétique. Cette tendance est souvent tirée par des initiatives régionales comme Desert to Power et des objectifs nationaux ambitieux, tels que les 70 % de la Mauritanie d'ici 2030, l'objectif de 100 MW solaire du Bénin, le projet Dédougou du Burkina Faso, et les centrales solaires de Bondoukou et Ferké en Côte d'Ivoire.
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Engagement croissant du secteur privé : Il existe une tendance claire et accélérée à impliquer les producteurs indépendants d'électricité (IPP) et à exploiter les partenariats public privé (PPP) comme mécanismes principaux pour mobiliser les investissements nécessaires. Cela est illustré par la libéralisation complète du secteur électrique mauritanien, le FONAME en Côte d'Ivoire et l'incorporation de la participation privée dans les projets solaires du Bénin.
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Priorisation de l'électrification rurale : Des initiatives telles que l'objectif d'accès universel de la Mauritanie, les programmes PEPT/PRONER de la Côte d'Ivoire, la stratégie nationale d'électrification du Mali, le projet SOLEER du Burkina Faso et les micro-réseaux de WASCAL, soulignent la priorité constante d'étendre l'accès à l'électricité aux zones rurales mal desservies, reconnaissant l'impact socio-économique profond de cette démarche.
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Intégration régionale renforcée : Des projets majeurs comme le projet gazier Greater Tortue Ahmeyim (GTA) entre la Mauritanie et le Sénégal, l'interconnexion électrique Mauritanie-Mali et les interconnexions WAPP Côte d'Ivoire-Ghana, mettent en évidence l'importance croissante des infrastructures énergétiques transfrontalières et du commerce pour la sécurité et la stabilité énergétique régionale.
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Intégration du changement climatique : Les pays intègrent de plus en plus les objectifs de résilience climatique et de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) directement dans leurs politiques énergétiques nationales et leurs critères d'investissement public. C'est le cas du Pacte national de l'énergie de la Mauritanie, du mandat du Bénin pour les entreprises publiques et des critères climato-intelligents de la Banque mondiale pour les projets.
Spécificités Nationales :
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Mauritanie : Se distingue par sa position unique en tant que pôle gazier émergent (GTA, Banda, Birallah) associée à un développement très ambitieux de l'hydrogène vert, visant une part de marché mondiale significative dans ce secteur naissant.
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Côte d'Ivoire : Se caractérise par l'exploration active de l'énergie nucléaire comme solution de base à long terme, parallèlement à ses projets solaires et biomasse substantiels. Cela indique une stratégie énergétique très diversifiée et complexe. Il y a également un accent fort et croissant sur les initiatives de mobilité électrique.
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Bien que toutes les nations d'Afrique de l'Ouest partagent des objectifs fondamentaux d'accroissement de l'accès à l'énergie et de promotion des énergies renouvelables, leurs trajectoires spécifiques et leurs priorités stratégiques divergent considérablement en fonction de leurs dotations uniques en ressources (par exemple, le potentiel gazier/hydrogène de la Mauritanie contre l'orientation solaire du Mali), de la maturité de leurs infrastructures existantes et de leurs partenariats géopolitiques (par exemple, les ambitions nucléaires du Burkina Faso). Cela révèle un paysage énergétique régional complexe où les stratégies nationales, bien que globalement alignées sur les objectifs régionaux, sont méticuleusement adaptées aux contextes et opportunités domestiques individuels.
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Mali : Montre une dépendance significative à des mécanismes de financement nationaux innovants pour les infrastructures énergétiques, tels que les taxes sur les transactions mobiles, ce qui souligne une orientation stratégique vers la mobilisation des ressources internes pour réduire la dépendance externe.
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Bénin : Met l'accent sur l'institutionnalisation des considérations de changement climatique dans toutes les entreprises publiques et explore activement la valorisation de la biomasse dans des zones économiques spéciales désignées, démontrant un engagement envers les principes de l'économie circulaire.
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Burkina Faso : Envisage notamment le développement de l'énergie nucléaire avec la Russie, parallèlement à un mix pragmatique de centrales thermiques et solaires. Cela reflète une approche multifacette pour remédier aux déficits énergétiques graves et persistants.
Impact des politiques régionales sur les trajectoires énergétiques des pays
Le West african power pool (WAPP) facilite activement les projets de renforcement du réseau transfrontalier, comme l'interconnexion Côte d'Ivoire-Ghana , ce qui améliore le commerce et la stabilité énergétique régionaux. La politique énergétique globale de la CEDEAO offre un cadre directeur crucial pour les transitions énergétiques nationales, en mettant l'accent sur l'adoption de l'énergie propre et la poursuite de l'accès universel à l'énergie dans les États membres. Le Plan Djoliba de la BOAD, ciblant spécifiquement les pays de l'UEMOA, vise à améliorer considérablement les taux d'électrification et l'approvisionnement énergétique global d'ici 2025.
L'existence de ces cadres et initiatives régionales signifie que les pays ne sont pas isolés dans leurs efforts de transition énergétique. Au contraire, ils bénéficient d'un écosystème de soutien qui mutualise les ressources, harmonise les réglementations et facilite les projets à grande échelle qui dépassent les capacités nationales individuelles. Cette approche collective est fondamentale pour surmonter les défis structurels et accélérer le rythme de la transition énergétique à travers la région. Elle permet non seulement de partager les meilleures pratiques et les leçons apprises, mais aussi de créer un marché énergétique régional plus intégré et résilient, capable de mieux faire face aux chocs d'approvisionnement et de maximiser l'efficacité de la production et de la distribution d'énergie.
En somme
L'analyse des actualités énergétiques en Afrique de l'ouest pour 2024-2025 révèle une région en pleine transformation, où la quête d'accès universel à l'énergie et l'engagement envers une transition verte sont des priorités stratégiques. Les pays ciblés – Mauritanie, Côte d'Ivoire, Mali, Bénin et Burkina Faso – démontrent une volonté politique forte de diversifier leurs mix énergétiques, de moderniser leurs infrastructures et d'attirer des investissements substantiels.
La Mauritanie se positionne comme un acteur majeur du gaz et de l'hydrogène vert, avec des projets ambitieux et un cadre législatif favorable.
La Côte d'Ivoire poursuit une stratégie énergétique diversifiée, incluant le solaire, la biomasse et l'exploration nucléaire, tout en développant la mobilité électrique.
Le Mali mise sur des financements nationaux innovants et des projets solaires régionaux pour renforcer son accès à l'électricité.
Le Bénin intègre profondément les enjeux climatiques dans sa gouvernance et développe activement le solaire et la valorisation de la biomasse.
Enfin, le Burkina Faso adopte une approche pragmatique combinant des solutions thermiques, solaires et une exploration nucléaire pour faire face à ses défis d'approvisionnement.
Malgré ces avancées notables, un défi persistant et transversal est le déficit de financement pour les énergies propres, l'Afrique ne captant qu'une fraction des investissements mondiaux nécessaires. La dépendance continue à la biomasse traditionnelle pour la cuisson reste également un problème majeur, soulignant la nécessité d'une approche holistique de l'accès à l'énergie.
Les politiques et initiatives régionales, telles que celles de la CEDEAO, de la BOAD, de la BAD et de la Banque mondiale, sont des moteurs essentiels de cette transition, fournissant des cadres, des financements et des infrastructures transfrontalières. Elles permettent de mutualiser les efforts et de créer un marché énergétique ouest-africain plus intégré et résilient.
Pour l'avenir, le succès de cette transition dépendra de la capacité des pays à :
- Mobiliser des financements accrus et innovants, notamment par des mécanismes de financement mixte et des dispositifs de réduction des risques pour attirer davantage de capitaux privés et internationaux, y compris en monnaies locales.
- Renforcer les cadres réglementaires pour garantir la transparence, la prévisibilité et l'attractivité des investissements, en particulier pour les IPP et les projets d'énergies renouvelables.
- Accélérer le déploiement de solutions d'énergie propre à grande échelle et décentralisées, avec un accent particulier sur l'électrification rurale et les solutions de cuisson propre.
- Poursuivre et approfondir l'intégration régionale, en développant les interconnexions et en harmonisant les politiques pour optimiser l'utilisation des ressources énergétiques et renforcer la sécurité d'approvisionnement collective.
- Investir dans le renforcement des capacités locales et le transfert de technologies pour assurer la pérennité des projets et le développement d'une expertise régionale.