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Energie & Mines Afrique


L'Afrique doit tirer parti du Fonds pour la réponse aux pertes et dommages afin de renforcer la résilience de ses villes


Rédigé le 15 Septembre 2025 à 11:28 | 0 commentaire(s) modifié le 15 Septembre 2025 - 13:05


EMA - La question du changement climatique et de ses répercussions, en particulier sur les villes africaines, est un sujet crucial qui nécessite une attention urgente.


Le Dr Gambo est responsable des politiques, de la recherche et des partenariats à la Banque de développement Shelter Afrique.
Le Dr Gambo est responsable des politiques, de la recherche et des partenariats à la Banque de développement Shelter Afrique.
Chaque jour, l'Afrique subit les conséquences d'un phénomène dont elle n'est pas responsable. Alors que 7 des 10 pays les plus vulnérables au changement climatique se trouvent en Afrique, ce continent n'émet qu'environ 4 % des gaz à effet de serre, et sa contribution historique est encore plus faible, selon le rapport 2022 de l'Organisation météorologique mondiale sur l'état du climat mondial.


Les vagues de chaleur, les fortes pluies, les inondations, les cyclones tropicaux et les sécheresses prolongées, qui sont quelques-uns des effets du changement climatique, ont des conséquences dévastatrices sur les communautés et les économies, et de plus en plus de personnes sont menacées à travers le continent. Les villes africaines en pleine expansion sont les plus touchées par cette vulnérabilité et ces conséquences.


Selon le rapport de l'OCDE, l'Afrique est l'un des continents les moins urbanisés au monde, mais elle abrite la région qui connaît l'urbanisation la plus rapide : l'Afrique subsaharienne (ASS). La région compte une population urbaine de 500 millions de personnes, soit environ 40 % de la population du continent, et un taux de croissance urbaine deux fois supérieur à la moyenne mondiale, avec 4,1 % par an, contre 2,1 % en moyenne mondiale. D'ici 2050, on estime que plus de 60 % des africains vivront dans des zones urbaines.


Cette croissance urbaine accélérée accentue encore les défis existants, tels que l'insuffisance des infrastructures, l'accès limité aux services de base, le chômage et la pénurie de logements. Selon les rapports 2024 de l'African Cities Research Consortium et de Brookings, environ 56 % de la population urbaine africaine vit dans des quartiers informels, où s'ajoutent à cela l'insécurité foncière et l'accès limité aux services d'infrastructure essentiels tels que l'assainissement, l'eau et l'énergie.
 

Une crise climatique


Il est largement reconnu que le changement climatique aura une incidence sur la trajectoire de développement socio-économique de l'Afrique, menaçant la réalisation des objectifs de développement durable à l'horizon 2030 et des objectifs de l'Agenda 2063 de l'Union africaine.


Selon les propres termes du secrétaire général des Nations unies, António Guterres, « l'Afrique est en première ligne de la crise climatique. Il est temps d'agir. Nous devons investir dans des solutions durables pour protéger nos populations et notre planète ».


Mais tout n'est pas perdu. L'une des récentes évolutions mondiales en matière de politique climatique a été la création du Fonds pour la réponse aux pertes et dommages (FRLD), qui vise à fournir un soutien financier aux pays vulnérables touchés par les catastrophes climatiques.


Créé lors des négociations de la COP27, ce fonds recèle un potentiel considérable pour les pays africains, en particulier dans le contexte du développement urbain et des défis auxquels sont confrontées les villes en pleine expansion à travers le continent. Il pourrait constituer un outil puissant pour faire face à la fois aux conséquences immédiates des catastrophes climatiques et aux besoins à long terme en matière de développement urbain durable en Afrique, grâce au principe « reconstruire en mieux ».


Tout d'abord, le Fonds pourrait être affecté à des efforts de secours et de reconstruction immédiats, tels que la reconstruction de logements, l'amélioration des systèmes de drainage pour atténuer les inondations et la garantie d'un accès à l'eau potable et à l'assainissement. Par exemple, le financement pourrait soutenir la mise en place d'infrastructures capables de résister aux catastrophes naturelles, telles que des logements résilients et abordables et d'autres infrastructures urbaines résilientes au climat. Il est essentiel, dans toutes les activités que le Fonds soutiendra, de garantir la résilience au climat et de remédier aux principales pénuries d'infrastructures qui exacerbent la vulnérabilité.


De tels projets permettraient de créer des villes plus durables, mieux équipées pour faire face aux effets de plus en plus marqués du changement climatique, tout en offrant des opportunités économiques grâce à la création d'emplois.


Deuxièmement, le Fonds pourrait être utilisé pour autonomiser les communautés locales, en particulier les populations marginalisées des bidonvilles urbains et des quartiers informels, qui sont souvent les plus durement touchées par les catastrophes climatiques. Il est essentiel d'aider ces acteurs à s'adapter et à se développer pour garantir une résilience durable. De même, l'économie informelle, qui représente une part importante de l'économie urbaine africaine, ne doit pas être laissée pour compte.


Enfin, le Fonds pourrait être utilisé pour soutenir des initiatives de renforcement des capacités telles que la formation des dirigeants locaux, le renforcement des systèmes de gestion des catastrophes et la création de partenariats climatiques significatifs.


Réinventer les villes africaines


Cela dit, le Fonds pour la réponse aux pertes et dommages a le potentiel de jouer un rôle transformateur dans le développement urbain des villes africaines, en particulier dans l'atténuation et l'adaptation aux effets du changement climatique.


La concrétisation de ce potentiel dépendra de la configuration du Fonds et des critères utilisés pour évaluer les projets, ainsi que de leur adéquation avec les réalités africaines en termes de disponibilité des données et des capacités. Elle dépendra également d'une planification minutieuse et d'une collaboration efficace afin de garantir que le Fonds profite à ceux qui en ont le plus besoin.


Il s'agit là d'une occasion unique non seulement de lutter contre les conséquences du changement climatique, mais aussi de repenser les villes africaines comme des modèles de durabilité et d'inclusivité pour l'avenir.

 

 
Dr Muhammad Gambo



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