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Energie & Mines Afrique

L'annonce de l'édition MSGBC 2026 : entre ambitions nationales et contradictions


Rédigé le 10 Décembre 2025 à 18:34 | 0 commentaire(s) modifié le 10 Décembre 2025 - 18:58

Massamba Ndakhté Gaye
Ndakhté M. GAYE est un journaliste d'investigation engagé dans le suivi citoyen des obligations... En savoir plus sur cet auteur

EMA - Le discours du ministre ministre sénégalais de l'Énergie, du Pétrole et des Mines, s’il se veut rassurant, met en évidence la tension entre la volonté de souveraineté et la réalité des dépendances.


Dans un entretien fait aujourd’hui lors la conférence MSGBC 2025, le ministre sénégalais de l'Énergie, du Pétrole et des Mines, Birame Soulèye Diop, a annoncé la conférence MSGBC Oil, Gas & Power qui se tiendra à nouveau à Dakar, du 1er au 3 décembre 2026.

L'annonce de la prochaine édition du salon MSGBC est l'occasion pour le Sénégal de réaffirmer son rôle central dans le développement énergétique de la région. Cependant, le discours du ministre, s’il se veut rassurant, met en évidence la tension entre la volonté de souveraineté et la réalité des dépendances.

Le retour du contenu local au centre du discours

Le ministre a fortement insisté sur la nécessité de développer le contenu local et les capacités nationales.
  • Il définit le contenu local comme étant à la fois un fondement juridique et économique capable de participer aux activités commerciales, et l'ensemble des ressources humaines individuelles (experts financiers, ingénieurs géologues, etc.).
  • Il a affirmé que « la construction de la nation repose sur le développement d'un secteur privé national fort » – une déclaration qui résonne avec notre questionnement précédent sur l'absence du privé local dans le financement du réseau de gazoducs.
  • Il conditionne la collaboration avec les partenaires étrangers à leur « ouverture et volonté de transférer leurs compétences et de partager leurs connaissances ».

Ces déclarations contrastent fortement avec la dépendance observée pour le financement du gazoduc (BOAD, DFC). Si le secteur privé local doit être fort, pourquoi a-t-il été largement absent de la table des investisseurs pour une infrastructure aussi stratégique, laissant la place aux conditions des banques internationales ? Le défi pour 2026 sera de démontrer que ces paroles se traduisent par une hausse significative du capital et de l'expertise locale dans les projets.


Le gaz comme « Énergie de Transition »

Le ministre Diop a réitéré l'urgence de l'accès à une énergie propre et abordable pour la population, notamment en milieu rural.
  • Il positionne le gaz comme une énergie de transition indispensable pour atteindre l'accès universel, notamment pour remplacer la cuisson au bois.
  • Il a rappelé que même si tous les pays africains exploitaient pleinement leurs capacités gazières, leur contribution aux émissions mondiales de gaz à effet de serre ne serait que de 0,5 %, justifiant la légitimité du développement des hydrocarbures africains face aux critiques environnementales occidentales.

L'affirmation de la souveraineté régionale

Enfin, le ministre a appelé à une collaboration régionale forte (West African Power Pool, Gazoduc Nigeria-Maroc) et a fait une déclaration forte en faveur de l'autonomie stratégique :
« Personne ne peut dicter notre voie ; nous construirons nos projets, comme Yakaar-Teranga, en donnant la priorité aux priorités sénégalaises ».

Cette affirmation de souveraineté est un message politique essentiel. Elle met directement en question l'influence des acteurs comme la Société financière américaine de développement international (DFC), qui conditionne les investissements à la conformité avec la politique étrangère américaine. L'enjeu pour la conférence de 2026 sera de faire la preuve que cette souveraineté est effective, et que les projets structurants (comme le gazoduc en cours de financement) ont pu écarter les conditions qui ne servaient pas les « priorités sénégalaises ».

L'édition 2026 sera donc un baromètre pour évaluer si les intentions affichées à cette édition 2025 – contenu local, souveraineté et développement équitable – ont été mises en œuvre concrètement sur le terrain par le gouvernement sénégalais.



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