Présenté ce jeudi 04 décembre 2025 au secteur privé et à la société civile, lors d’un atelier de partage organisé par le Centre d’études de politiques pour le développement (CEPOD), le rapport national sur la compétitivité du Sénégal (RNCS 2024) dresse un constat sans fard.
Malgré des avancées notables, le pays reste prisonnier de ses fragilités structurelles. Derrière les chiffres de croissance et les infrastructures flambant neuves, une réalité persiste : la compétitivité du Sénégal demeure fragile, inégalitaire et trop dépendante des dynamiques exogènes.
Une croissance sans profondeur
Depuis 2016, l’économie sénégalaise affiche une vitalité remarquable, résistant même au choc de la Covid-19. Mais cette croissance peine à se traduire en prospérité partagée. La richesse par habitant n’a progressé que marginalement (passant de 1 282 USD en 2016 à 1 476 USD en 2023), tandis que l’endettement explose au-delà des normes communautaires.
Le paradoxe est criant : un pays qui construit des autoroutes et des ports modernes, mais où la densité entrepreneuriale reste l’une des plus faibles au monde (1,3 entreprise pour 1000 actifs). Avec ce ratio, le Sénégal dépasse certes la Côte d’Ivoire et le Togo, mais demeure très loin des performances atteintes par des pays comme Cabo Verde (18,5) ou la Norvège (9,17).
Le talon d’Achille du capital humain
Le RNCS rappelle une vérité dérangeante : sans un capital humain robuste, aucune compétitivité durable n’est possible. Or, le Sénégal reste englué dans des taux d’alphabétisation médiocres (57,7 % en 2022), une éducation non universelle (TBS primaire à 82,6 % en 2023) et une santé publique fragile. Comment prétendre rivaliser dans l’économie mondiale quand près d’un jeune sur quatre est sans en emploi, sans formation, sans éducation ?
Des infrastructures brillantes, mais un tissu productif émietté
Certes, l’AIBD est sacré meilleur aéroport africain et le Port autonome de Dakar brille en 2025. Mais ces vitrines masquent une réalité. Le taux d’investissement public a baissé (de 9,7% à 7,2% entre 2016 et 2023). Par contre, l’investissement privé, bien qu’en hausse (de 15,5% à 34,4% du PIB en 2023), reste inefficace (ICOR de 8,88).
Les zones économiques spéciales et les agropoles peinent à produire des résultats tangibles. Dakar concentre près de 40 % des entreprises. Avec Thiès et Diourbel, elles totalisent près de 60% des entreprises, laissant les onze (11) autres régions dans une marginalisation économique inquiétante (40%).
Commerce extérieur : le déficit chronique
Le Sénégal reste prisonnier d’une balance commerciale déficitaire, aggravée année après année. Les mécanismes préférentiels (AGOA, APE, CEDEAO) sont sous-utilisés, et le label « Made in Senegal » demeure un slogan plus qu’une réalité. Tant que le pays ne diversifiera pas ses exportations et ne réduira pas sa dépendance aux importations, sa compétitivité restera en sursis.
Une gouvernance à l’épreuve
Le rapport souligne les avancées démocratiques et institutionnelles, mais aussi les failles : corruption persistante, lourdeurs administratives, climat d’investissement fragile. La compétitivité ne se décrète pas, elle se construit sur la confiance et la transparence. Or, c’est précisément ce qui manque encore.
L’urgence d’un sursaut
Le RNCS 2024 est plus qu’un diagnostic, c’est un avertissement. Le Sénégal ne manque pas de projets, ni de financements, ni de soutiens internationaux. Ce qui lui manque, c’est une cohérence stratégique et une volonté politique de transformer la croissance en compétitivité durable.
Sans un sursaut sur le capital humain, la gouvernance et la diversification productive, le pays risque de rester dans une croissance sans profondeur, incapable de répondre aux aspirations de sa jeunesse et aux défis de la mondialisation.
Malgré des avancées notables, le pays reste prisonnier de ses fragilités structurelles. Derrière les chiffres de croissance et les infrastructures flambant neuves, une réalité persiste : la compétitivité du Sénégal demeure fragile, inégalitaire et trop dépendante des dynamiques exogènes.
Une croissance sans profondeur
Depuis 2016, l’économie sénégalaise affiche une vitalité remarquable, résistant même au choc de la Covid-19. Mais cette croissance peine à se traduire en prospérité partagée. La richesse par habitant n’a progressé que marginalement (passant de 1 282 USD en 2016 à 1 476 USD en 2023), tandis que l’endettement explose au-delà des normes communautaires.
Le paradoxe est criant : un pays qui construit des autoroutes et des ports modernes, mais où la densité entrepreneuriale reste l’une des plus faibles au monde (1,3 entreprise pour 1000 actifs). Avec ce ratio, le Sénégal dépasse certes la Côte d’Ivoire et le Togo, mais demeure très loin des performances atteintes par des pays comme Cabo Verde (18,5) ou la Norvège (9,17).
Le talon d’Achille du capital humain
Le RNCS rappelle une vérité dérangeante : sans un capital humain robuste, aucune compétitivité durable n’est possible. Or, le Sénégal reste englué dans des taux d’alphabétisation médiocres (57,7 % en 2022), une éducation non universelle (TBS primaire à 82,6 % en 2023) et une santé publique fragile. Comment prétendre rivaliser dans l’économie mondiale quand près d’un jeune sur quatre est sans en emploi, sans formation, sans éducation ?
Des infrastructures brillantes, mais un tissu productif émietté
Certes, l’AIBD est sacré meilleur aéroport africain et le Port autonome de Dakar brille en 2025. Mais ces vitrines masquent une réalité. Le taux d’investissement public a baissé (de 9,7% à 7,2% entre 2016 et 2023). Par contre, l’investissement privé, bien qu’en hausse (de 15,5% à 34,4% du PIB en 2023), reste inefficace (ICOR de 8,88).
Les zones économiques spéciales et les agropoles peinent à produire des résultats tangibles. Dakar concentre près de 40 % des entreprises. Avec Thiès et Diourbel, elles totalisent près de 60% des entreprises, laissant les onze (11) autres régions dans une marginalisation économique inquiétante (40%).
Commerce extérieur : le déficit chronique
Le Sénégal reste prisonnier d’une balance commerciale déficitaire, aggravée année après année. Les mécanismes préférentiels (AGOA, APE, CEDEAO) sont sous-utilisés, et le label « Made in Senegal » demeure un slogan plus qu’une réalité. Tant que le pays ne diversifiera pas ses exportations et ne réduira pas sa dépendance aux importations, sa compétitivité restera en sursis.
Une gouvernance à l’épreuve
Le rapport souligne les avancées démocratiques et institutionnelles, mais aussi les failles : corruption persistante, lourdeurs administratives, climat d’investissement fragile. La compétitivité ne se décrète pas, elle se construit sur la confiance et la transparence. Or, c’est précisément ce qui manque encore.
L’urgence d’un sursaut
Le RNCS 2024 est plus qu’un diagnostic, c’est un avertissement. Le Sénégal ne manque pas de projets, ni de financements, ni de soutiens internationaux. Ce qui lui manque, c’est une cohérence stratégique et une volonté politique de transformer la croissance en compétitivité durable.
Sans un sursaut sur le capital humain, la gouvernance et la diversification productive, le pays risque de rester dans une croissance sans profondeur, incapable de répondre aux aspirations de sa jeunesse et aux défis de la mondialisation.
🔦 Focus Énergie : entre vitrines de modernité et défis structurels
Une capacité en hausse, mais une efficacité en question
Le rapport souligne une progression notable : la capacité totale de production électrique est passée à 2 816,7 MW en 2022, avec une production qui a bondi de 4 457 GWh en 2016 à 7 549 GWh en 2022. Ces chiffres traduisent un effort réel d’investissement, mais posent une question centrale : cette énergie est-elle compétitive et durable, ou simplement quantitative ?
Des infrastructures de prestige
Le rapport souligne une progression notable : la capacité totale de production électrique est passée à 2 816,7 MW en 2022, avec une production qui a bondi de 4 457 GWh en 2016 à 7 549 GWh en 2022. Ces chiffres traduisent un effort réel d’investissement, mais posent une question centrale : cette énergie est-elle compétitive et durable, ou simplement quantitative ?
Des infrastructures de prestige
- AIBD sacré meilleur aéroport africain en 2023.
- Port autonome de Dakar (PAD) désigné meilleur port d’Afrique subsaharienne en 2025.
Ces vitrines logistiques ne peuvent fonctionner sans une énergie fiable. Or, malgré les progrès, l’accès à l’électricité reste limité : 67,9 % en 2023, ce qui signifie qu’un tiers des sénégalais demeure exclu du réseau.
Le paradoxe énergétique
Le Sénégal investit massivement dans ses infrastructures, mais reste dépendant des énergies fossiles importées. Le déficit commercial chronique est aggravé par la facture énergétique. La transition vers les renouvelables est amorcée, mais encore marginale dans le mix. Le pays se classe mieux en innovation et digitalisation (12e en Afrique TIC), mais tarde à transformer cette dynamique en une véritable révolution énergétique.
Enjeux de compétitivité
Le paradoxe énergétique
Le Sénégal investit massivement dans ses infrastructures, mais reste dépendant des énergies fossiles importées. Le déficit commercial chronique est aggravé par la facture énergétique. La transition vers les renouvelables est amorcée, mais encore marginale dans le mix. Le pays se classe mieux en innovation et digitalisation (12e en Afrique TIC), mais tarde à transformer cette dynamique en une véritable révolution énergétique.
Enjeux de compétitivité
- Coût de l’énergie : encore trop élevé pour les entreprises locales, freinant la compétitivité industrielle.
- Durabilité : malgré les engagements climatiques, la part des renouvelables reste insuffisante pour réduire la vulnérabilité.
- Inégalités territoriales : Dakar concentre les infrastructures, tandis que les régions périphériques restent sous-équipées.
Recommandations critiques
- Accélérer la transition énergétique vers le solaire, l’éolien et l’hydro, afin de réduire la dépendance aux importations.
- Développer un label « Énergie Made in Senegal », garantissant une production locale compétitive et durable.
- Renforcer les filets de protection sociale liés à l’accès à l’électricité, pour éviter que la fracture énergétique ne devienne une fracture sociale.
- Intégrer l’énergie dans les ZES et agropoles, afin de transformer la disponibilité énergétique en levier productif.
- Promouvoir une gouvernance énergétique transparente, pour attirer les investisseurs et crédibiliser la transition.
L’énergie est le nerf de la compétitivité. Le Sénégal a posé les bases d’une infrastructure moderne, mais reste prisonnier d’un modèle coûteux et inégalitaire. Le véritable défi est de transformer la puissance installée en énergie accessible, abordable et durable, capable de soutenir l’industrialisation et de répondre aux aspirations sociales.

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