L'Afrique de l'Ouest est confrontée à des défis énergétiques considérables, exacerbés par une population en croissance rapide et une pression accrue sur ses ressources naturelles.
Un obstacle majeur demeure la forte dépendance de la région aux sources de biomasse traditionnelles, telles que le bois de chauffage et le charbon de bois, qui entraînent une déforestation généralisée, une pollution de l'air intérieur et des risques sanitaires importants, en particulier pour les femmes et les enfants.
Le présent rapport vise à fournir un aperçu analytique et exhaustif des développements énergétiques récents, des changements de politique et des tendances d'investissement observés en Mauritanie, en Côte d'Ivoire, au Mali, au Bénin et au Burkina Faso au cours des années 2024-2025. Ces informations sont contextualisées dans le paysage énergétique plus large de l'Afrique de l'Ouest, offrant une synthèse des projets clés, des initiatives politiques et des perspectives régionales.
Tendances régionales et initiatives transversales
Cette politique prévoit explicitement un mix énergétique fortement orienté vers les énergies renouvelables et le gaz naturel, tout en visant des améliorations substantielles de l'efficacité énergétique et une réduction drastique de l'utilisation des combustibles ligneux.
La politique actualisée de la CEDEAO témoigne d'un engagement régional clair en faveur d'une transition énergétique globale qui va au-delà du simple accès à l'électricité pour englober des solutions essentielles de cuisson propre. Cette approche intégrée démontre une compréhension approfondie de la nature multifacette de la pauvreté énergétique et de ses impacts environnementaux et sanitaires interdépendants dans la région.
Le Centre de services scientifiques ouest africain sur le changement climatique et l'utilisation adaptée des terres (WASCAL) joue un rôle déterminant dans la transition énergétique durable en Afrique de l'Ouest. L'organisation s'engage activement à fournir des solutions énergétiques durables adaptées aux besoins spécifiques des communautés locales, une démarche cruciale étant donné que plus de 60 % des habitants des zones rurales d'Afrique de l'Ouest n'ont pas un accès adéquat à l'électricité.
WASCAL collabore étroitement avec la CEDEAO et son Centre pour les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique (ECREEE) pour élaborer des politiques régionales innovantes, notamment sur le front prometteur de l'hydrogène vert.
L'orientation stratégique de WASCAL vers les micro réseaux solaires et son investissement dans le renforcement des capacités locales par la formation d'experts mettent en évidence une approche décentralisée et ascendante essentielle pour l'accès à l'énergie. Cette stratégie pragmatique est indispensable pour combler efficacement l'écart significatif d'accès à l'énergie entre les zones rurales et urbaines, un problème prévalent dans toute l'Afrique de l'Ouest.
Pour illustrer les objectifs nationaux de transition énergétique, le tableau ci-dessous offre une vue d'ensemble comparative des engagements et des cibles pour 2024-2030 : Tableau 1 : Objectifs Clés de la Transition Énergétique par Pays (2024-2030)
Pays | Cible d'Accès à l'Électricité (%) | Cible Part ENR dans Mix Électrique (%) | Année Cible | Principales Initiatives / Domaines d'Intérêt |
Mauritanie | 100% (actuellement 55%) | 70% (actuellement 44%) | 2030 | Gaz naturel national, IPP, réduction des GES, hydrogène vert |
Côte d'Ivoire | Accès universel (PEPT vise 3.5M habitants) | Augmentation significative (PSDEREE 2020-2030) | N/A | Solaire (Bondoukou, FERKE SOLAR, 100 MWp), Biomasse, Mobilité électrique, exploration nucléaire, interconnexion WAPP |
Mali | Renforcement accès national (24 Mrds FCFA) | 10 GW solaire (Desert to Power) | 2030 (Mission 300) | Renforcement infrastructures, solaire (Desert to Power), interconnexion régionale |
Bénin | Renforcement réseau (PRERA) | Augmentation significative (FORSUN, 5 centrales solaires 100MW) | 2024 (5 centrales) | Intégration enjeux climatiques, solaire, valorisation biomasse |
Burkina Faso | Amélioration progressive en 2025 | Augmentation (Solaire Dédougou, Desert to Power) | 2025 (amélioration) | Maintenance, centrales thermiques/solaires, exploration nucléaire, électrification rurale |
Financements et Investissements
Les institutions multilatérales jouent un rôle central dans le financement du secteur énergétique ouest africain. La Banque ouest africaine de développement (BOAD) a alloué un financement total de 1 977,9 milliards FCFA au secteur de l'énergie et des ressources naturelles au 30 juin 2024.
La Banque africaine de développement (BAD), en partenariat avec la Banque mondiale, pilote l'initiative "Mission 300", dont l'objectif est de fournir un accès à l'électricité à 300 millions d'Africains d'ici 2030.
La Banque mondiale s'est engagée à consacrer 45 % de son budget annuel à l'action climatique à partir de 2025, avec une répartition égale entre les efforts d'adaptation et d'atténuation.
Le Fonds pour l'énergie durable en Afrique (SEFA), géré par la BAD, fournit des financements catalytiques pour débloquer les investissements du secteur privé dans les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique. Le Japon a rejoint le SEFA en 2024 en tant que 11e donateur, renforçant ainsi sa capacité.
Les investissements mondiaux dans l'énergie devraient atteindre un record de 3 300 milliards USD en 2025, dont 2 200 milliards USD seront spécifiquement alloués aux technologies propres.
Néanmoins, cette tendance positive est considérablement freinée par une diminution des financements publics : les financements des institutions publiques et de développement ont baissé d'un tiers sur dix ans (de 28 milliards USD en 2015 à 20 milliards USD en 2024), principalement en raison d'une réduction de plus de 85 % des financements chinois entre 2015 et 2021.
Le paradoxe frappant entre l'immense potentiel de l'Afrique en matière d'énergies renouvelables
Le tableau suivant présente une vue d'ensemble des financements et investissements clés dans l'énergie propre en Afrique de l'Ouest pour la période 2024-2025, soulignant les dynamiques financières régionales et les défis de mobilisation de capitaux :
Tableau 2 : Financements et Investissements dans l'Énergie Propre en Afrique de l'Ouest (2024-2025)
Indicateur / Projet | Montant / Détail | Source / Pays | Période / Date |
Investissements mondiaux énergie | 3 300 milliards USD | Mondial | 2025 (prév.) |
Investissements mondiaux technologies propres | 2 200 milliards USD | Mondial | 2025 (prév.) |
Part de l'Afrique dans investissements énergie propre | ~2% | Afrique | Actuel |
Financement privé ENR en Afrique | ~40 milliards USD (vs 17 Mrds en 2019) | Afrique | 2024 |
Financement public/institutions dev. en Afrique | 20 milliards USD (vs 28 Mrds en 2015) | Afrique | 2024 |
Potentiel ENR Afrique vs. demande 2040 | 1000x supérieur | Afrique | 2040 |
Financements BOAD énergie/ressources naturelles | 1 977,9 milliards FCFA | Afrique de l'Ouest (UEMOA) | Au 30 juin 2024 |
Capacité additionnelle Plan Djoliba (BOAD) | 380 MW | UEMOA | 2021-2025 |
Subvention Phase 2 Desert to Power (BAD) | 5,03 millions USD | Sahel (Mali, Burkina Faso, etc.) | Juin 2025 |
Financement électricité Mali | 24 milliards FCFA | Mali (Fonds national) | Juillet 2025 |
Budget énergie/mines Burkina Faso | 15,9 milliards FCFA | Burkina Faso (Budget État) | Juillet 2025 |
Projet solaire Dédougou | 7 millions USD | Burkina Faso | Juillet 2025 |
Centrale solaire Bondoukou | ~50 milliards FCFA | Côte d'Ivoire | 2025 (lancement) |
5 centrales solaires Bénin | 53 milliards FCFA | Bénin | 2019-2024 (en cours) |
Projets hydrogène vert Mauritanie | Milliards d'euros promis | Mauritanie | 2024-2025 |
Défis et opportunités communs
Les pays africains sont extrêmement vulnérables au changement climatique, 17 des 20 nations les plus vulnérables au monde étant situées sur le continent.
En réponse, la Banque mondiale a alloué 45 % de son budget annuel à l'action climatique à partir de 2025, avec une répartition égale entre les efforts d'adaptation et d'atténuation. Le Fonds pour les pertes et dommages, créé en juin 2024, représente un effort international significatif pour faire face à ces impacts.
Un défi persistant et significatif dans toute la région est la forte dépendance aux sources de biomasse traditionnelles (bois, charbon de bois) pour la cuisson, qui est un facteur principal de déforestation et cause une grave pollution de l'air intérieur, posant des risques sanitaires substantiels.
Les politiques régionales, notamment celles de la CEDEAO, mettent de plus en plus l'accent sur le passage à des combustibles de cuisson plus propres comme le GPL et le biogaz, et promeuvent l'adoption de foyers améliorés comme solutions clés.
L'hydrogène vert est de plus en plus reconnu comme une source d'énergie prometteuse pour diversifier les approvisionnements énergétiques et réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre dans la région ouest africaine.
Le potentiel de production d'hydrogène vert de la Mauritanie pourrait atteindre 6 272 tonnes/km²/an.
L'émergence proactive d'initiatives d'hydrogène vert, notamment menées par la Mauritanie, signale une approche prospective et hautement stratégique de la diversification énergétique et du potentiel d'exportation, allant au-delà des combustibles fossiles traditionnels. Cela représente non seulement une opportunité énergétique significative, mais aussi une voie pour l'innovation industrielle et une contribution substantielle aux efforts mondiaux de décarbonation, positionnant potentiellement l'Afrique de l'Ouest comme un futur leader dans les exportations d'énergie propre.